INTERVIEW : NICOLAS , LEADER SUR NOTRE MARAUDE DE CADET

Nicolas De la balade des lucioles

Chaque mois, nous vous présentons l’un des membre fidèle de la balade des luciole. En cette deuxième édition de la newsletter, il nous a semblé évident d’intérviewer Nicolas qui est présent sur la maraude au départ de Cadet depuis très longtemps maintenant.

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1.Peux- tu te décrire en quelques mots?

Bonjour à tous, je suis Nicolas j’ai 38 ans et je vis en région parisienne depuis 2012 où je travaille en tant que professeur documentaliste dans un collège de l’Essonne. Je n’ai pas toujours vécu en Ile- de-France, je suis né à Brest, j’ai également vécu à Nantes et dans le Maine-et-Loire (49). Aujourd’hui je vis à Viry-Chatillon.  La vie parisienne me plait assez du fait du nombre de possibilités de sorties à faire. Quand c’était possible, je profitais de mes week ends pour aller voir du monde, faire des expositions, aller dans les parcs. La vie culturelle est vraiment très riche ici.  

2 Depuis quand fais-tu partie de l’association de la balade des lucioles et pourquoi l’as-tu rejointe? 

Fin mars ça fera 3 ans. 

Au début j’étais inscrit sur le site OVS  (On Va Sortir) et je faisais quelques sorties culturelles que le site proposait mais je savais que je voulais participer à une nouvelle action solidaire sans trop identifier  laquelle, qui rejoindrait celle qui me tenait à coeur  depuis mes 20 ans, à savoir donner mon sang régulièrement. A Nantes, j’avais déjà été sensibilisé par la situation générale des sans-abris, mais à Paris, quelque part, j’ai trouvé que la population y était bien plus indifférente et cela me gênait. Je savais que je voulais faire quelque chose. 

Un jour, j’ai vu une annonce pour participer à une maraude et je me suis lancé. A l’époque, les maraudes de Cadet se déroulaient le samedi. J’en ai fait deux d’affilée puis je suis revenu régulièrement depuis. Du fait de mon assiduité, des responsabilités m’ont été confiées au fur et à mesure. En général, je gère le parcours qui passe par les Grands boulevards.  

3.Qu’est-ce que ça t’apporte de faire partie d’une association? 

Sur le plan individuel, ça m’apporte beaucoup. Aucune démarche n’est vraiment  délibérée. Dès le début , j’ai eu le sentiment d’une démarche utile et puis au fur et à mesure, je me suis questionné sur ce que je pouvais faire de plus . L’association en elle-même a son propre rôle mais nous en tant que bénévoles on a un rôle individuel à remplir et je pense que dans l’ensemble, on se complète. 

Moi, ça m’a permis d’améliorer ma vie de tous les jours, de relativiser mes problèmes du quotidien, de me sentir utile et aussi ça m’a permis de prendre conscience de mon rôle de privilégié car en fait personne n’est à l’abri d’une telle situation. Je ne suis pas à l’abri de me retrouver dans la rue un jour et si c’était mon cas, j’aimerais que quelqu’un me tende la main. 

En plus de ça, l’asso fait des actions comme les boîtes de noël récemment , et franchement j’ai adoré l’ambiance. Une vraie bouffée d’oxygène pour les sans-abris!

En plus de cela , cette opération a vraiment marché sur le plan national. Ça fait vraiment du bien. 

4.Quel est ton rapport/attitude vis-à- vis des bénéficiaires?

J’essaie toujours d’écouter les gestes et les mots des bénéficiaires pour mieux les comprendre. C’est bien évidemment les premiers à nous dire ce dont ils ont besoin. Après certains n’expriment pas forcément de besoins, ça dépend. 

Il faut les écouter sans insister en même temps. Il faut analyser la façon dont ils communiquent avec nous. des fois ils disent non, mais au final ce n’est pas forcément un non. il faut apprendre à écouter et être vigilant. Ca s’apprend; s’adapter à chaque personnalité et chaque caractère et gêner le moins possible. 

Par exemple lorsque l’on se positionne devant un homme qui dort et que l’on est dix autour de lui. Ce n’est évidemment pas une position où il pourra se sentir à l’aise car s’il se réveille il va se sentir attaquer. C’est à nous de réfléchir à tout ça et d’être le moins intrusif possible, dans ce cas on dépose un sac le plus discrètement possible et on poursuit la maraude. 

C’est incroyable, des fois, à la fin d’une maraude, je ressens un réel sentiment de satisfaction. Certains bénéficiaires se mettent à notre place et ont de l’empathie pour nous. Ils s’inquiètent pour nous, s’ il pleut par exemple …ils inversent les rôles et nous remercient c’est assez incroyable non? 

5.Chaque association de Paris est assez limitée dans ses actions, est-ce que tu te sens frustré ? 

Au niveau de la communication, je sens qu’il y a eu beaucoup d’évolution ces derniers temps. J’ai même une  ancienne collègue  qui a entendu parler des Lucioles récemment sur une radio nationale. 

J’espère que tous les efforts produits récemment seront entendus et que cela amènera des résultats. Comme par exemple obtenir un local auprès de la mairie du 9ème arrondissement. Car aujourd’hui c’est une vraie priorité. 

Mais aujourd’hui je suis assez satisfait du chemin parcouru par l’association. Le vendredi, depuis quelques mois  on a pu mettre en place un nouveau parcours et depuis le confinement on a beaucoup de nouveaux volontaires. L’idéal serait de mettre en place un nouveau parcours le mercredi comme à place d’Italie si les conditions sont réunies pour le faire.

6.Si tu veux ajouter quelque chose . 

Je souhaite juste préciser que l’ambiance est vraiment sympathique et je ne serai pas là s’il n’y avait pas une bonne entente entre tous les volontaires. Lors d’une maraude, il n’ y a pas de question d’égo, nous sommes tous là pour une même cause et j’apprécie vraiment cet état d’esprit bienveillant et solidaire. 

Nous ne sommes pas là pour nous questionner les uns les autres , chacun a eu son parcours et chacun a ses propres motivations mais ce que je constate c’est que cette cause nous réunit. 

J’ai juste hâte que l’on puisse tous se retrouver, dans quelques semaines j’espère, autour d’un bon resto ou lors d’un pique-nique comme on avait l’habitude de faire, l’ambiance était à chaque fois chaleureuse et ça permettait de renforcer les liens et de discuter aussi avec d’autres bénévoles de l’association que l’on ne rencontre pas autrement.