Chez La Balade des Lucioles, on dénombre pas moins de 200 bénévoles aux personnalités et aux parcours bien différents. Aujourd’hui on vous fait rencontrer Carmen, petit bout de femme exceptionnelle.
Carmen œuvre au sein de l’association depuis octobre 2021. C’est elle qui mène la danse, le mardi, ou devrait-on dire le Ballet (qui a la réf ?) sur le parcours Olympiades qui relie le secteur National à la porte d’Italie. Carmen c’est tout un poème ! Elle est de ces personnes qui fédèrent avec toute l’humilité et l’humanité qui la caractérisent. Elle s’est prêtée au jeu de l’interview afin de nous en dévoiler un peu plus sur son rôle au sein de l’association.
Sa particularité réside dans le fait qu’elle prépare chaque mardi une soupe de légumes maison en plus des sandwichs confectionnés à l’aide des invendus de boulangeries et d’épiceries.
Il suffit de suivre une maraude avec Carmen pour comprendre à quel point elle a su créer, en toute simplicité, un contact humain, un véritable lien avec les bénéficiaires du parcours.
Transcription complète de l’interview de Carmen
Cécilia – Bonjour Carmen. Peux-tu nous dire ce que représente pour toi La Balade des Lucioles ?
Carmen – La Balade des Lucioles c’est une association qui vient en aide aux sans abri, leur apporter des vêtements, de la nourriture et surtout un peu de chaleur humaine.
On a vécu une période un peu compliquée avec le Covid, les restrictions sanitaires. J’avais besoin de trouver un sens, comme un nouveau souffle. Et sur un site de sorties qui s’appelle OVS ça faisait très longtemps que je voyais “balade sympa, maraudes dans Paris”. Je me suis inscrite une première fois, s’en est suivi une deuxième, puis une troisième maraude, une quatrième, une cinquième… Et puis deux ans et demi plus tard, ben il est pas question d’arrêter ça.
Cécilia – Quelle est ta place, ton rôle au sein de l’association ?
Carmen – Je suis responsable de l’équipe du mardi. Je dois veiller à la bonne préparation de la maraude. En amont il y a la récupération des invendus de nos différents partenaires. Ça va de la boulangerie au magasin bio. Chacun arrive avec ce qu’il a récolter puis on commence la préparation. Il va y avoir aussi des vêtements qui nous sont apportés par les bénévoles. Ceux qui sont prévus que pour la maraude viennent aux alentour de 20h. De manière générale tout le monde sait ce qu’il a à faire. C’est un travail d’équipe. On est plusieurs à être parfaitement au fait de ce qu’il y a à effectuer. Voilà après il y a plus qu’a.
Cécilia – Quelles sont les spécificités de ton parcours ?
Carmen – Le parcours Olympiades démarre de la rue Richet. On va déjà aller jusqu’au métro Olympiades, et à partir de là on va aller sous la dalle. C’est un endroit un peu particulier, je dirais pas interlope mais bon c’est un peu curieux. Ce sont deux rues souterraines parisiennes qui se trouvent sous les grands immeubles. On ressort, puis on prend la rue Tolbiac, et de là on gagne l’avenue d’Italie, jusqu’à la Place d’Italie. On redescend de l’autre côté et on va jusqu’à la porte d’Italie.
Ce parcours est différent des deux autres (Denfert et Gare de Lyon) car il se caractérise par la mobilité des bénéficiaires que l’on rencontre. Et ce parcours va nous prendre à peu près 1h30 environ, j’ai pas trop calculé le temps. On marche pas mal. Ça fait un joli parcours de marche parce qu’on va de bénéficiaire en bénéficiaire, ben forcement on va à leur rencontre et quelque fois c’est eux qui viennent à la notre.
Cécilia – Y a-t-il des bénéficiaires récurrents que tu arrives à suivre ?
Carmen – C’est vrai que sous la dalle il y a un homme d’une gentille incroyable. Trois quart du temps il dort. Alors on dit “c’est la maraude”, on essaie de pas trop le réveiller. Et puis il suffit de dire “on a de la soupe !”. Et là il a un sourire qui… on a l’impression qu’il est un peu tombé de la lune. Mais il nous touche, juste par le sourire qu’il nous donne, par l’échange presque non verbal qu’on a avec lui. On s’attarde un petit peu, on lui donne ce dont il a envie sur le moment et puis on reprend notre route.
Après on a aussi Vassili. C’est un colosse des pays de l’Est. C’est vrai qu’il a la réputation de broyer les mais des bénévoles. Mais c’est sincère. C’est à dire que tu donnes la main, il a pas volonté de faire mal. C’est une poignée de main qui est franche, qui est chaleureuse. On se revoit presque avec grand plaisir, même si on préférerait savoir qu’ils sont à l’abri de manière définitive, évidemment.
Cécilia – Peux-tu nous raconter l’anecdote du manteau pour la petite chienne ?
Carmen – Ça a été un peu touchant pour tout le monde, ce monsieur d’origine roumaine, avec sa maman donc, pas toute jeune. Ils sont basés sur la place d’Italie, un peu en retrait, et ils ont cette petite chienne qu’ils aiment par dessus tout. Et ils nous ont demandé un manteau pour chien, ce qu’on a quand-même pas de base nous parce qu’on s’occupe pas des animaux. Et puis lors d’une manifestation au moment de Noel, à la Mairie du 12ème, une autre association était là qui s’appelle Gamelles Pleines. Une belle asso qui s’occupe des chiens des personnes à la rue. Et je me suis dit ben je vais voir. Je les contacte et puis Bingo !
J’ai eu un retour positif avec un jeune homme qui a bien compris mon besoin. Dix jours plus tard on a apporté le manteau pour la petite toutoune et là ça a été des effusions, de larmes de joie… Il m’a dit qu’il allait m’offrir des fleurs
C’était un grand moment parce que finalement on réalise qu’ils sont très attachés à leurs animaux. C’est un ancrage et puis c’est vraiment ce qui les fait rester sur les chemins de l’humanité cette petite chienne. Elle est tout pour eux et inversement. Il nous a expliqué qu’il préfère être dehors plutôt que de s’en séparer donc on se devait de s’occuper d’elle, comme d’eux.
Cécilia – De façon personnelle, qu’est-ce que t’apporte cet investissement au sein de l’association ?
Carmen – Déjà ça a apporté un vrai sens. Non pas que j’ai envie de jouer les Zoro, parce que je pense que c’est plutôt eux qui m’ont apporté. Des fois il y en a qui veulent rien, juste parler. Et a écouter leurs paroles, en fait ils remplissent notre cœur plus qu’on empli le leur. Et ils se rendent pas compte je suis sur. Il me disent “ah mais vous partez”, et je dis “non mais vous vous rendez pas compte de ce que vous avez à offrir.”
C’est énorme. C’est juste que j’ai envie que les gens fassent l’expérience de ça. Et je le dis vraiment sans fioritures, sans rien. C’est ce qui fait que j’ai pas du tout envie d’arrêter. C’est même pas envisageable. Il faudrait vraiment pour que j’arrête que ce soit sérieux.
Cécilia – As-tu un message à faire passer à ton équipe du mardi ?
Carmen – Ce que j’aimerais dire à mon équipe du mardi ben c’est merci d’être fidèle à ce parcours. Merci de me faire confiance. Parce que s’ils me suivent c’est qu’ils me font confiance. Moi aussi je leur fais confiance à cent pour cent. On est rien tout seul quelque part. C’est ce que me montre un peu l’association. C’est que tout seul on est rien, c’est la force du nombre. C’est la confiance qu’on peut avoir les uns en les autres, les uns avec les autres. Et puis ben tous ensemble oui on fait de belles choses. Donc merci.