Paris, 18 Mars 2020, les rues sont vides, le temps paraît arrêté et sous un ciel aussi gris que les toits de Paris, on n’entendait plus le tumulte habituel de la capitale ni même le bourdonnement des terrasses. On ne voyait plus les gens danser à Châtelet ou chanter devant l’opéra, non, la France s’était figée. La veille, Emmanuel Macron annonça aux concitoyens que le pays se confinait et que tout le monde devrait rester chez moi pour empêcher la propagation de l’épidémie Covid-19. 

Pourtant, sur les quais de Seine, en s’approchant du Pont-Neuf, quelqu’un était dehors. Quelqu’un qui, à son réveil, ne pouvait remarquer que le silence et l’accalmie de la ville : Paris s’était tu. Cette personne, contrairement à son habitude, ne verra aucune maraudes passer pour la nourrir et lui offrir un sourire ce jour-là. Elle ne pourra pas non plus aller à la bibliothèque Pompidou, une de ses occupations habituelles. Cette personne vivra le quotidien de près de 300,000 sans-abris pendant la crise sanitaire et sociale. A commencer par un détachement de la société qui s’approfondit encore par la disparition du lien social qu’entretiennent les associations. Pour ces personnes, la visite quotidienne des maraudes est l’occasion de parler et d’avoir une interaction sociale précieuse à leurs yeux. A la place, seuls les contrôles de police viendront animer leurs journées et ainsi, ces personnes vont perdre leurs repères à l’aube d’une période d’isolement et de solitude. Les maraudes sont pour certains l’unique source de produits alimentaires et la rue l’unique chez-soi où se confiner. Par conséquent, la faim pouvait les accompagner parfois plusieurs jours avant de pouvoir la satisfaire. Au-delà de ça, ils n’étaient que très peu protégés pour faire face à l’épidémie en plus d’être peu informé. En effet, selon une étude réalisée par médecins sans frontières, les centres d’hébergements, foyers ou gymnases ne permettaient pas de protéger les habitants une fois que le virus y fait son apparition. Alors, si vous voyez cette personne, sous un pont à Paris ou ailleurs, ne tournez pas le regard et voyez ce qu’elle a traversé. Vos sourires lui ont tant manqué…

 

 

  • Le bilan

 

Selon un rapport de la fondation de l’Abbé-Pierre de 2021, le nombre de personnes sans domicile aurait doublé depuis 2012 et triplé depuis 2001. Ces chiffres mettent en évidence non seulement l’accroissement constant du nombre de personnes à la rue mais encore, le manque d’action politique face au problème. Dans ce même rapport, on observe que depuis 2017, les aides publiques au logement n’ont jamais été aussi basses alors même que la secousse créée par le Covid-19 risque de faire basculer les Français les plus précaires : plus d’un million de personnes étaient en situation d’impayés de loyers. 

D’après Julien Damon dans « La question SDF », les sans-abris seraient pour les trois quarts des sans-papiers, le plus souvent arrivés en France suite aux grands mouvements migratoires de notre siècle. D’une part, les flux de migration sont conséquents et risquent même de s’intensifier face au dérèglement climatique, aux conflits dans le monde, à la famine et la misère. D’autre part, il s’agit de personnes qui ne partagent pas la culture, la langue ou les valeurs françaises et pour qui il est difficile de communiquer ou trouver un emploi. 

Article écrit par Paul Gheereart

Raphaël est un membre actif et leader du secteur de nos maraude. Il s’est même impliqué recemment dans l’organisation de l’association puisqu’il fait maintenant parti de l’équipe de recrutement.

Interview: 

Parle-nous un peu de toi et de comment tu as connu l’association ?

Je m’appelle Raphaël et j’ai 30 ans. J’ai connu l’association « La balade des Lucioles » par le site onvasortir.com en août 2020. J’ai commencé à marauder sur les parcours du XIIIe arrondissement, près de la place d’Italie. Quand les parcours du XVe arrondissement ont ouvert en novembre dernier, je les ai rejoints rapidement, c’était beaucoup plus pratique pour moi. 

 

Tu as donc connu les débuts de la maraude du XVe, comment les choses ont évolué sur ce parcours depuis presque un an ? 

Au début c’était évidemment assez expérimental, les parcours n’étaient pas encore bien fixés. On a petit à petit eu une idée plus précise d’où se trouvaient les potentiels bénéficiaires, même si évidemment rien n’est définitivement fixé. On a eu une bonne nouvelle récemment puisque la Maison Maurice Maignen, de l’ordre de Saint-Vincent de Paul, nous prête un local. Il nous sera très utile pour le stockage des vêtements et de tout ce qui n’est pas périssable.

 

Et au niveau des effectifs, la maraude du XVe a su séduire des bénévoles ?

De ce point de vue-là les confinements de l’année dernière nous ont paradoxalement un peu aidés. Beaucoup de personnes trouvaient dans les actions caritatives une manière de s’engager avec générosité mais également un moyen de s’aérer un peu l’esprit malgré l’enfermement. Mais on recherche toujours du monde évidemment, tous les volontaires sont les bienvenus. 

 

En parlant d’engagement justement, les maraudes sont prenantes en termes de temps et d’obligations ?
Non, on suit le même principe que les parcours « historiques » de l’association : la responsable du XVe arrondissement, Caroline, envoie simplement un message chaque semaine aux bénévoles et ceux qui le souhaitent s’inscrivent le jour qui les intéressent. Il n’est pas nécessaire de s’engager sur le long terme même si bien sûr on a par ailleurs besoin des bonnes volontés pour effectuer des tâches plus longues dans d’autres aspects du travail associatif, comme l’administratif ou la recherche de subventions. J’ai commencé d’ailleurs il y a quelques semaines à travailler dans le service recrutement de l’association. C’est un autre travail que le terrain mais c’est intéressant aussi. 

 

L’association grandie et nous sommes ravis de vous présenter les membres les plus actifs  à travers cet organigramme.